Le commun des résistances : réalités des luttes et visualités critiques

Journée d’études
Le commun des résistances : réalités des luttes et visualités critiques
30 juillet 2025
Centre d’Etudes Mexicaines et Centroaméricaines (CEMCA, Ciudad de México)

Traditionnellement faisant référence à des espaces naturels et terres partagés collectivement, le commun embrasse aujourd’hui beaucoup plus : des modèles collectifs de production, de partage et de création collective dans un champ large qui touche le social, l’économique, le culturel et le cognitif tout au long de l’histoire, même si le mouvement des “enclosures” est considéré comme fondateur. Après des décennies de façonnement idéologique imposé par l’article du biologiste Garrett Hardin “tragédie des communs” (Hardin, 1968), les travaux empiriques de l’économiste nord-américaine Elinor Ostrom ont apporté un démenti au postulat d’un épuisement des biens communs par les usagers en démontrant, qu’à l’inverse de ce que soutenait Hardin, les individus qui prenaient collectivement en charge un bien commun disposaient de la capacité de le protéger afin de ne pas perdre cette ressource.

Si le mouvement écologiste renforce la nécessité d’une réponse commune à la crise éco-sociale, face à l’épuisement des ressources et de l’énergie (Santiago Muiño 2021), les dernières analyses de Donna Haraway postulent que la survie face à l’éco-collapse de la terre à l’heure de la grand extermination, que l’anthropocène (ou “capitalocène”, selon ses propres mots) génère, passe non seulement par la communauté humaine mais par la coopération inter-espèces  et la mise en place d’un commun du vivant (Haraway, 2020). Les potentialités du commun sont multiples selon Dardot et Laval qui dressent une liste des formes opératoires qu’elles ont prises au cours de ce jeune XXIème siècle: “Les combats pour la « démocratie réelle », le « mouvement des places », les nouveaux « printemps » des peuples, les luttes étudiantes contre l’université capitaliste, les mobilisations pour le contrôle populaire de la distribution d’eau ne sont pas des événements chaotiques et aléatoires, des éruptions accidentelles et passagères, des jacqueries dispersées et sans but. Ces luttes politiques obéissent à la rationalité politique du commun, elles sont des recherches collectives de formes démocratiques nouvelles.” (Dardot et Laval, 2015). Ces formes s’associent à des pratiques culturelles et visuelles spécifiques (Mirzoeff, 2020) déterminantes pour le partage et la construction du social que les communs proposent.

Cette journée propose une étude transnationale de la configuration et de la mise en place d’organisations collectives communautaires et vise à interroger leurs espaces et leurs productions culturelles et visuelles. C’est cette approche par les organisations collectives communautaires que nous allons privilégier par une approche selon deux axes d’analyse : le premier portera sur les imaginaires et pratiques culturelles communes, leur culture visuelle et leur répercussion sur les pratiques artistiques contemporaines, ainsi que sur la configuration de l’imagination politique et les pratiques de visibilité des revendications (occupation des places, des terres et des bâtiments, sit in, co-création dans des lieux partagés); le second sur les acteurs (subalternes) du commun : les femmes, les migrants, les communautés LGTBQ.

Mercredi, 30 juillet

9.30. Accueil

10.00 Ouverture de la Journée par Maya Collombon et Sonia Kerfa

10.30-11.00 Francisco de Parres (Universidad Veracruzana, Veracruz), Ecologías creativas, antropoceno y el común en el arte del Sureste mexicano

11.00-11.20 Débat

11.20-12.10 Tobias Locker (Saint-Louis University, Madrid), Expropiar lo común:  Ontologías y estéticas de la materia en la Edad Moderna

12.10-12.30 Débat

12.30-14.00 Pause

14.00-14.30 Paula Barreiro López (Université Toulouse II Jean Jaurès), Contravisualidades tricontinentales y comunalización visual

14.30-14.50 Pause

14.50-15.20  Sonia Kerfa (Université Grenoble Alpes), El cine de intervención como práctica feminista en América Latina o cómo visualizar en común otras historias

15.20-15.40 Débat

15.40-16.00 Pause

16.00-16.30 Cristina Híjar (Centro de Investigación de Artes Plásticas del INBAL), Praxis estética: retos, compromisos y estrategias colectivas por memoria, verdad y justicia

16.30-16.50.  Débat

16.50-17.00 Clôture de la journée

Organisation : Sonia Kerfa (CERHIS-ILCEA4, Université de Grenoble Alpes) avec la collaboration de Maya Collombon (directrice du CEMCA, Ciudad de México)
Image: Ella Daniel, Another world is possible 2, s/d.