Séminaire de recherche MoDe(s)
8 avril 2016, 10-14 h.
La Casa Encendida, Madrid, aula 201 (segunda planta)
Assumant une conception plurielle de la modernité et cherchant à décentrer l’axe Paris-New York, ce séminaire de recherche propose une analyse polyphonique et multifocale de l’art réalisé pendant la Guerre froide, sur l’axe transatlantique. À travers une présentation cadre et la présentation de trois projets de doctorat en cours, différentes propositions artistiques expérimentales seront discutées, examinant leurs programmes esthétiques et sociaux, soulignant leur capacité à articuler des modèles de résistance politique, et analysant la politique de représentation des personnes impliquées.
Il ne s’agit pas de réaliser une cartographie systématique de toute la période, mais plutôt, à travers l’étude de cas, cette activité vise à problématiser le projet moderne à partir de la sphère culturelle d’enclaves spécifiques (principalement l’Espagne, l’Afrique, l’Amérique latine et l’Europe de l’Est), en mettant l’accent sur les processus de transfert et d’échange et leur relation avec les dynamiques sociopolitiques. Sur la base des présentations, l’objectif est de réfléchir et de débattre sur les pratiques artistiques produites dans un contexte géopolitique marqué par des processus complexes et contradictoires de décolonisation et d’autocolonialisme afin de revoir leurs « moments » politiques et de les placer dans le cadre transatlantique de la guerre froide.
Affiche MultimediaProgramme
Présentatio cadre:
10.00-11.00 > Julián Díaz Sánchez (Universidad de Castilla-La Mancha), Arte y guerra fría. Cuestiones de método.
Interventions:
11.30-12.15 > Inés Plasencia Camps (Universidad Autónoma de Madrid), Pertenencia y ciudadanía en la fotografía de Guinea Ecuatorial: aspiraciones poscoloniales del archivo colonial.
12.15-13.00 >Pablo Santa Olalla Moya (Universidad de Barcelona),
Conceptualismos transatlánticos: España, Latinoamérica, y el desplazamiento hacia los Estados Unidos, 1972-1989.
13.00-13.45 > Juliane Debeusscher (Universidad de Barcelona), Creando espacios de aparición: la cultura no oficial en Europa Central vista a través de las redes y prácticas de comunicación transnacionales tras el Telón de Acero, 1970-1989.
Modérateur: Juan Albarrán (Universidad Autónoma de Madrid)
Multimedia
Julián Díaz Sánchez
Arte y guerra fría. Cuestiones de método
Inés Plasencia Camps
Pertenencia y ciudadanía en la fotografía de Guinea Ecuatorial: aspiraciones poscoloniales del archivo colonial
Pablo Santa Olalla Moya
Conceptualismos transatlánticos: España, Latinoamérica, y el desplazamiento hacia los Estados Unidos, 1972-1989.
Juliane Debeusscher
Creando espacios de aparición: la cultura no oficial en Europa Central vista a través de las redes y prácticas de comunicación transnacionales tras el Telón de Acero, 1970-1989
Organisation et coordination :
Juan Albarrán, Paula Barreiro López, Juliane Debeusscher y Fabiola Martínez Rodríguez.
Avec la collaboration :
Departamento de Historia y Teoría del Arte, UAM
Ce séminaire est une activité proposée par le projet de recherche I+D+i ‘Modernidad(es) descentralizada(s): Arte, política y contracultura durante la Guerra Fría (HAR2014-53834-P) (https://modernidadesdescentralizadas.com)
Résumés des interventions :
Julián Díaz, Arte y guerra fría. Cuestiones de método
La présentation examine la notion de néo-vangardisme de Hal Foster et la vision intéressante de l’art de la révolte à partir du concept d’allégorie, formulé par Craig Owens, en tant que propositions méthodologiques pertinentes pour l’étude de l’art dans les années 1960 et 1970. Elle se fera à travers l’analyse d’œuvres sans doute liées à la guerre froide, comme l’Hommage à New York de Jean Tinguely, les premières œuvres de Christo ou le F-111 de James Rosenquist, et la trajectoire d’artistes particulièrement singuliers comme Piero Manzoni ou Marcel Broodhaers.
Inés Plasencia Camps, Pertenencia y ciudadanía en la fotografía de Guinea Ecuatorial: aspiraciones poscoloniales del archivo colonial
Les recherches sur la photographie dans les anciennes colonies africaines ont montré l’utilisation systématique de l’image par les différentes administrations coloniales comme un outil par lequel elles exercent à la fois un contrôle et une violence sur les populations indigènes. Cependant, depuis les années 1990, un accent particulier a été mis sur d’autres utilisations de la photographie, dans lesquelles la participation et l’agence des Africains ont été cruciales pour le développement de cette pratique, mais aussi comme outil d’affirmation de l’identité et comme forme de résistance.
Cet article aborde un aspect de mes recherches sur l’histoire de la photographie en Guinée équatoriale (une colonie espagnole de 1778 à 1968), qui se penche plus particulièrement sur les photographies prises entre 1861 et 1936. Je traiterai en particulier, à travers une série d’études de cas, du rôle de la photographie comme méthode d’exclusion du concept de citoyenneté dans le contexte colonial, mais aussi dans ses possibilités de réflexion sur les réseaux d’appartenance et autres formes de résistance qui se sont produites dans la colonie espagnole.
Sur la base de cette réflexion méthodologique, en particulier sur l’idée de citoyenneté, je veux projeter les possibilités d’étudier les archives photographiques de la période coloniale à travers deux projets artistiques contemporains qui abordent la photographie comme instrument d’émancipation après les indépendances africaines, qui ont eu lieu pour la plupart dans les années 1960. Plus précisément, la série de Maryam Jafri The Day After, qui tourne autour des politiques d’archivage des anciennes colonies, et The Black Photo Album, de Santu Mofokeng, sur les aspirations brisées de la bourgeoisie noire sud-africaine dues à l’apartheid.
Pablo Santa Olalla Moya, Conceptualismos transatlánticos: España, Latinoamérica, y el desplazamiento hacia los Estados Unidos. 1972-1989
L’historiographie hégémonique des conceptualismes artistiques est généralement basée sur des études nationales ou régionales des différentes variantes du phénomène, en privilégiant celles des centres de production. Cependant, l’art conceptuel joue un rôle clé dans la transition entre la modernité artistique et son dépassement post-moderne, et ne peut donc pas être analysé avec des méthodologies qui ne tiennent pas compte de ces modifications. Ce travail vise à réaliser une analyse transnationale des conceptualismes de l’Espagne et de l’Amérique latine, en tenant compte des dérives spatiales de la pensée contemporaine. A partir des dernières contributions de l’anthropologie (Clifford, Augé), de la sociologie (Luhmann, Latour) et de la géographie (Harvey, Soja), l’ouverture de « l’espace Sud Atlantique du conceptualisme » est postulée, en s’intéressant aux différentes instances qui le composent, tant internes -topologie de « l’espace », acteurs humains, agents non humains, institutions, circulations, réception-, qu’externes -position dans le contexte global, relation de « l’espace Sud Atlantique » avec le Nord. Cet « espace » et son analyse travaillent vers un « autre paradigme » au-delà des frontières du système mondial moderne/colonial, dont ils essaient de s’éloigner, même s’ils travaillent inévitablement de l’intérieur. De nombreux cas d’artistes, galeries, expositions, contacts, groupes, voyages, textes et autres exemples, non traités individuellement mais de manière relationnelle, sont utilisés afin de représenter théoriquement et visuellement “l’espace conceptuel de l’Atlantique Sud”.
Juliane Debeusscher, Creando espacios de aparición: la cultura no oficial en Europa Central vista a través de las redes y prácticas de comunicación transnacionales tras el Telón de Acero, 1970-1989
Cette recherche explore la culture non officielle développée dans les États socialistes de Hongrie, de Tchécoslovaquie et de Pologne entre 1970 et 1989, à travers le prisme des pratiques de médiation et d’exposition qui ont contribué à leur visibilité publique de part et d’autre du rideau de fer.
Questionnant à la fois la perspective de l’historiographie nationale et l’idée d’un bloc russe homogène et totalement isolé en promouvant la vision d’une dichotomie radicale Est-Ouest, la recherche cherche à mettre en évidence différentes formes de communication, d’échange et de collaboration artistiques établies à un niveau transnational, non seulement dans le contexte de l’Europe centrale, mais aussi entre cette région et l’Europe occidentale, l’Amérique du Nord et l’Amérique latine. Il examine dans quelle mesure la circulation de l’art d’Europe centrale au-delà de ses frontières géopolitiques et idéologiques a permis de briser le régime de (semi-)invisibilité et les conditions de marginalité infligées à la culture non officielle par les régimes communistes post-totalitaires.
Image : Jaroslav Kozlowski, The NET1, Poznan, 1972.