MoDe(s) considère les ressources numériques comme un complément essentiel à l’historiographie de l’art et ses méthodes plus traditionnelles basées sur la recherche bibliographique, archivistique et de terrain. Notre projet examine la circulation et les échanges dans le domaine culturel pendant la guerre froide, ainsi que ses interactions avec les événements sociaux et politiques.
Comment les nouvelles technologies peuvent-elles servir notre objectif et notre approche particulière d’une histoire de l’art donnée, et ouvrir d’autre part de nouvelles voies d’exploration ?
Deux facettes de l’activité de MoDe(s) sont directement liées à la technologie et aux moyens numériques : premièrement, la base de données conçue dans le cadre du projet et actuellement utilisée ; deuxièmement, la visualisation des données de recherche par le biais de systèmes d’information géographique.
Ce billet se concentre sur la première de ces facettes : la base de données.
La base de données MoDe(s)
Depuis le lancement du projet, nous avons travaillé sur une base de données destinée à collecter des informations provenant de projets de recherche individuels et qui, grâce à une structure spécifique d’insertion et d’organisation, permet de croiser des données. La base de données devait également permettre l’exportation de données vers les SIG (systèmes d’information géographique).
Dans une première phase, (mai-novembre 2015), nous avons travaillé avec une première base de données, consistant en un tableau Excel. Après avoir constaté qu’il était confus et rendait l’entrée des données difficile, notre conclusion était qu’il nous fallait une base de données relationnelle, avec une interface facile à utiliser.
Ill. 1. Schéma de la base de données relationnelle
Dans une deuxième phase, (décembre 2015 à mars 2016), nous avons travaillé à l’élaboration d’une base de données relationnelle, en consultant des experts externes, qui nous ont aidés à élaborer un programme technique. Nous avons finalement sélectionné une proposition adaptée à notre budget. D’avril à juillet 2016 (troisième phase), deux experts ont travaillé sur la DB, et ont créé une interface plus simple, qui fut testée et était modifiée si nécessaire.
Illustration 2 : Interface de la base de données de MoDe(s)
Ill. 3. interface de la base de données de MoDe(s)
Outre les éléments factuels -titre, date, auteur, lieu, référence-, l’une des particularités de la BD est la présence de champs qui sont remplis selon la propre interprétation et approche de chacun. Toutefois, afin de favoriserl’organisation thématique et la possibilité de combiner des données, nous avons élaboré quelques listes prédéterminées : les processus historiques, les mouvements artistiques, les concepts théoriques et philosophiques. Nous avons ajouté deux champs de mots-clés qui peuvent être remplis soit à partir d’une liste préexistante, soit avec de nouveaux termes. Tous ces champs sont obligatoires.
Un outil de recherche filtre les enregistrements à travers un nombre important de catégories : titre, année ou période, mots-clés, ville, éditeur, date de publication, etc. Nous pouvons exporter une recherche spécifique dans un format de tableau qui facilite le travail avec le système d’information géographique. L’accès à la base de données est, pour l’instant, limité aux membres de MoDe(s).
Ill. 4. Exemple de liste d’événements obtenue par des filtres de recherche.
Elle peut être exportée afin d’être utilisée dans les logiciels SIG.
Les questions techniques et méthodologiques soulevées par la DB
Contrairement aux bases de données qui collectent des informations objectives afin de procéder à des analyses quantitatives, la base de données de MoDe(s) se caractérise par l’association de données historiques précises ainsi que de données factuelles sur les événements ou les productions artistiques, des publications et des cas historiques avec des dossiers qui exigent des choix et des interprétations personnels.
Il est en effet important d’insister ici sur le fait que nous ne procédons pas à une insertion systématique des données. La nature de l’information et sa qualification sont subordonnées à chaque chercheur, et s’appuie sur ses propres lignes d’étude et de réflexion. En ce sens, nous ne prétendons pas afficher ici une vision « objective », mais plutôt un fragment basé sur l’interprétation d’un nombre limité de personnes. Cependant, puisque cette base de données est fondée sur la recherche scientifique avec des références appropriées et une insertion exhaustive de données, elle est tout de même rigoureuse et, dans une certaine mesure et en fonction de son utilisation spécifique, elle peut avoir une dimension quantitative.
Conclusion
En conclusion, rappelons les questions auxquelles nous avons été confrontés au cours du processus de construction de la base de données : comment travailler avec une structure capable de collecter et de croiser différentes sortes des données, en conservant leur validité scientifique mais aussi la capacité d’exprimer des points de vue critiques ? Quel usage pouvons-nous alors faire de ces données composites ? Peuvent-elles être considérée comme scientifiquement exactes ? Comment les catégories « subjectives » devraient-elles être adressées ? Dans quelle mesure cette structure peut-elle activer de nouvelles connexions et de nouveaux espaces de réflexion ?
* Ce billet est une version révisée d’un document présenté dans le cadre de la IVe Rencontre internationale sur l’histoire de l’art numérique et la culture artistique (du 15 au 17 décembre 2016, Malaga).
** Traduction française de Amandine Martin.