Collectivisations et activisme artistique dans les Suds

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Journée d’étude
Collectivisations et activisme artistique dans les Suds
26 avril 2022
Maison des Sciences de l’Homme / Maison de la Création et de l’Innovation – Grenoble

Si l’art contemporain a été largement étudié dans sa capacité à contester, les récits des revendications sociales, de nature collective, ont peu souvent donné la part belle aux productions artistiques, créées dans un mouvement commun. Pourtant, les répertoires d’action ont une dimension esthétique déterminante dont Act Up, en France a été un exemple significatif dans ses formes de lutte contre le SIDA (Balasinski et Mathieu, 2020).

                Ces toutes dernières années, des luttes hautement expressives ont été menées dans les Suds, dont le nom même marque la boussole de pays pauvres, naguère ceux du Tiers Monde (Gervais-Lambony et Landy, 2007). Aujourd’hui, en Amérique latine plus particulièrement, nombre de pays, à l’avant-garde de revendications massives, font entendre leur voix avec force. L’occupation des rues, de places ¾ par excellence, espace de rassemblements (Lefebvre, 1968) ¾  traduit une vaste prise de conscience des ravages, sur les populations et sur la nature, du capitalisme et des discriminations raciales et sociales. Appartenant à un continent parmi les plus inégalitaires au monde, les sociétés latino-américaines, marquées par des décennies de libéralisme effréné et d’oppressions de toutes sortes (femmes, communautés autochtones, groupes afro-descendants) ont exprimé avec inventivité un désir de justice sociale et de dignité. Comme au temps des dictatures, qui ont laissé de profondes cicatrices, l’espace public, à la ville ou à la campagne, a vu fleurir des slogans, dessins, graffitis, affiches, performances, objets ¾ insolites, détournés ¾ créant ou revitalisant des imaginaires offerts en partage. Les mobilisations se sont aussi faites au prisme de ces modes d’actions collectifs qui mettent en œuvre « une praxis originale, plus incarnée, moins théorique et moins contrainte par des normes académiques. », pour reprendre l’analyse de Lissell Quiroz à propos des féminismes latino-américains (Quiroz, 2021).

                  Cette journée d’étude examinera ces contestations qui, par le geste créateur, visent à « réparer ce qui a été brisé » (Mbembe, 2020). En ouverture, la conférence d’Ana Longoni mettra en exergue le travail des chercheuses et chercheurs qui, par le biais d’un vaste projet collectif, prennent le pouls de ces formes d’expression protestataire et repensent la manière de les exposer. Puis Julia Ramírez-Blanco jettera une lumière inédite sur l’extractivisme, cette logique de prélèvement massif dont on nous propose une vision séparée,  économique ou écologique (Monange et Flipo, 2019) mais qu’elle réévaluara à l’aune de l’esthétique. Puis Andrew Martin reviendra sur l’art militant vu et réévalué par Bruno Latour et en soulignera la puissance tout au long de l’histoire.

                  C’est dans une perspective historique que le film d’archives La Revolucion (es) probable, réalisé de façon collective (Ruido, Douglas, Barreiro López) opére un retour salutaire sur le PREC (Processo Revolucionário Em Curso) une des expériences politiques les plus audacieuses qu’ait vécue l’histoire portugaise. Plus connu sous le nom de “Révolution des Oeillets”, cette transition vers la démocratie, inséparable des mouvements de libéralisation des anciennes colonies, a donné naissance au “ mouvement social le plus ample et le plus profond de l’histoire européenne de l’après-guerre” (de Sousa Santos, cité par Léon, Schefer et Robert-Gonçalves, 2020). Il a vu surgir un nombre conséquent de productions filmiques, souvent à l’initiative de coopératives de cinéastes. Capter -voire devancer- l’esprit révolutionnaire, tel a été le projet critique d’”interrogation radicale” du Portugal (Lemières, 2005) par ces productions filmiques que le collectif – qui a bénéficié de l’expérience de la documentaliste María Ruido – réactualise dans ce film essai, inédit en France. Pour le présenter et l’inscrire dans la généalogie complexe du cinéma du PREC, la parole sera donnée à Raquel Schefer, qui retracera l’histoire de ces collectivisations du sud de l’Europe au miroir d’un cinéma transformateur.

Affiche Gallery Multimedia Rapport
MARDI, 26 AVRIL

Matinée : Amphithéâtre de la MSH, Maison des Sciences de l’Homme, Campus de Grenoble

9:45 – 10:00 Introduction par Paula Barreiro López (Université Grenoble Alpes) et Sonia Kerfa (Université Grenoble Alpes)

10:00 – 11:00 Ana Longoni (Universidad de Buenos Aires), Giro Gráfico, como en el muro la hiedra: apuntes sobre un proyecto de investigación y curaduría colectiva

11:00 – 11:30 Questions du public

11:30 – 13:30 Pause repas

Après-midi : MaCI, Maison de la Création et de l’Innovation, salle de projection étage 2

13:30 – 14:15 Julia Ramírez-Blanco (Universidad de Barcelona), Luttes contre les grandes infrastructures : poétique et politique des mouvements d’action directe

14:15 – 14:40 Questions du public

14:40 – 15:20 Andrew Martin (Principia College, Etats-Unis), Latourian Art History: Object Agency in Activism

15:40 – 16:15 Pause café

16:20-17:00 Raquel Schefer (Universidade Nova de Lisboa / University of the Western Cape), Révolution et cinéma au Portugal

17:00 – 17:20 Questions du public

17:20-18:30 Présentation et projection du film-essai La revolución (es) probable [La révolution (est) probable] (2021, 30 min) réalisé par Lee Douglas (Universidade Nova de Lisboa), María Ruido (Universitat de Barcelona) et Paula Barreiro López (Université Grenoble Alpes). Modération Raquel Schefer (Universidade Nova de Lisboa / University of the Western Cape).

18:30 – 19:00 Questions du public

19:00 – 19:15 Clôture de la journée

Multimedia

Ana Longoni (Universidad de Buenos Aires), Giro Gráfico, como en el muro la hiedra: apuntes sobre un proyecto de investigación y curaduría colectiva
Julia Ramírez-Blanco (Universidad de Barcelona), Luttes contre les grandes infrastructures : poétique et politique des mouvements d’action directe

Andrew Martin (Principia College, Etats-Unis), Latourian Art History: Object Agency in Activism
Raquel Schefer (Universidade Nova de Lisboa / University of the Western Cape), Révolution et cinéma au Portugal

Tout au long de la journée, possibilité de se connecter via zoom and traduction simultanée.

Direction: Paula Barreiro López (Université Grenoble Alpes) et Sonia Kerfa (Université Grenoble Alpes)

Coordination: Cristina García Martínez (communication et diffusion, logistique) et Tobias Locker (technique, logistique). Avec l’aide technique d’Antonin Duhoux (MSH) pour l’interprétation en simultanée. Traductrices  : Silvia Palà et Adele Martin.

Stagiaires Master M1 Art hispaniques : Jairo Alejandro Escobar Torres (traduction trilingue), Edith Marisela Marquez Duque (logistique, modération visio-conférence) et Melina Negrello (relations avec le public)

Image: Mariana Chiesa, No + represión, (A partir de foto de Carlos Vera Mansilla), 30 x 42 cm, 2019